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L’ESPECE : LE RENARD ROUX OU RENARD COMMUN, Vulpes vulpes

 

Présentation de l’espèce

De vulpiculus en latin populaire, vulpes en latin classique, de volitans pedibus, qualifiant le fait qu'il ne marche pas droit et " virevolte avec ses pieds " faisant référence à ses changements de directions incessants pour troubler la proie ou l’ennemi, le renard s’est vu octroyer bien des noms avant celui que nous lui connaissons aujourd’hui.

Par une certaine influence germanique - les formes « vorpil » et volpil sont attestées au XIIe siècle. D’autres appellations se succèderont, se chevaucheront, se confondront: volp, vuolp, vorp, waupe, volpille, vulpille, golpil, gourpil, gorpille, gupil, goupil.

Vulpes constitue aujourd'hui la dénomination scientifique du renard.

Il doit son nom vernaculaire actuel au Roman de Renart, œuvre littéraire regroupant des récits disparates, parodiques et critiques de la société au Moyen Age, fruits d’auteurs divers. Jusqu’au moyen âge donc et en langue française, le renard était appelé goupil. Renart est le nom propre, d’origine flamande Reinaert, donné au goupil. Le nom propre a éliminé et remplacé le nom commun suite à la popularité de l’œuvre. Et le « t » final s’est transformer en « d ».

Le renard roux, du genre Vulpes créé par Just Leopold Frisch en 1775 était rangé par Linné dans le genre Canis : Canis vulpes (1758). La dénomination par Frisch avait alors été rejetée par les auteurs conservateurs de l’époque. Réinstauré par la suite, le genre Vulpes vulpes sera validé par la Commission Internationale de Nomenclature Zoologique en 1979.

Systématique

Classification selon MSW

Règne :                       Animalia

Embranchement :      Chordata

Classe :                      Mammalia

Ordre :                        Carnivora

Sous-ordre :               Caniformia

Famille :                      Canidae

Genre :                       Vulpes

 

Nom binominal : Vulpes vulpes (Linnaeus, 1758)

Synonymes    Canis vulpes (Linnaeus, 1758) (protonyme) Vulpes fulva (Desmarest, 1820)

 

Place de Vulpes vulpes dans le monde animal :

L’ordre des carnivores qui regroupait autrefois les groupes des fissipèdes et des pinnipèdes, se caractérise de prime abord par une adaptation de la mâchoire et de la dentition permettant aux membres de cet ordre de chasser et manger d’autres animaux. Chez ces animaux, les canines bien développées sont appelées crocs et l’une des synapomorphies des carnivores est la présence de carnassières.

Toutefois, il ne faut pas réduire le fondement de l’établissement de cet ordre à un mode d’alimentation : tout les carnivores ne sont pas des mammifères consommateurs de viande exclusifs, le renard roux a un régime alimentaire omnivore.

 

Place de Vulpes vulpes dans la systématique :

Vulpes vulpes est un carnivore appartenant au sous-ordre des Caniformia qui se distingue anatomiquement des Feliformia par un bulbe tympanique formé d’une chambre unique ou divisée par un pseudo-septum (on observe chez les espèces féliformes un vrai septum tympanique).

On observe huit familles au sein de ce sous-ordre, dont celle des Canidae, mammifères carnassiers aux molaires nombreuses et aux griffes non rétractiles, à laquelle le genre Vulpes appartient.

Vulpes se différencie notamment du genre Canis (chien, loup, etc.) par la forme

ovale de ses pupilles et ses griffes semi-rétractiles.

On distingue au sein de cette espèce plusieurs sous-espèces dont trois présentes en France : Vulpes vulpes crucigera (sauf en Corse et dans littoral des Pyrénées Orientales), Vulpes vulpes ichnusae (en Corse) et Vulpes vulpes silacea (sous-espèce espagnole ne dépassant pas en France le Roussillon).

Statuts

Statut de conservation UICN : statut en France et Europe

 

LC : Préoccupation mineure

Statut CITES : Annexe III , Rév. du 16/03/89

Selon l’arrêté du 26 juin 1987, en France, il s’agit d’une espèce gibier sédentaire dont la chasse est autorisée. L’arrêté du 2 août 2012 le classe parmi les espèces passibles d’être classées nuisibles (espèce susceptible d’occasionner des dégâts), ce qui implique que la décision appartient au préfet à l’échelle de chaque département de le considérer comme tel.

 

Réglementaire :          Europe            Directive « Habitat Faune Flore » : néant

Convention de Berne : Annexe III

                                   National          Espèce chassable : oui

Espèce susceptible d’être classée nuisible : oui

 

Conservation :        Europe/France : Liste rouge : LC/LC (Least Concern)

 

Préoccupation mineure : Ne remplit pas les critères d'une catégorie en danger. Les animaux répandus et abondants appartiennent à cette catégorie.

 

Patrimonialité :       néant

 

Le renard roux représente 6,3 % des mammifères terrestres reçus dans les centres de soins (CAVIGNAUX & JALLU, 2008). 

Historique 

L'histoire de la vie est marquée par la succession et le renouvellement d’espèces et de groupes d’espèces. L’ordre des carnivores apparaît il y a 40 à 60 millions d'années, au cours du paléocène et de l'éocène, avec les Créodontes, animaux pourvus de grandes canines en forme de crocs, de carnassières pour taillader la viande et de griffes particulièrement développées. Durant l'éocène, les créodontes disparaissent, devenant incapables de rattraper les ongulés constituant l'essentiel de leurs proies devenus  plus rapides à la course: ils laissent alors place aux Miacoïdes,  premiers vrais carnivores terrestres qui vont se différencier en félidés et en canidés.

La morphologie des canidés évolue afin de leur permettre de poursuivre leurs proies sur de longues distances tandis que leurs mâchoires s'enrichissent de dents supplémentaires pour leur permettre un régime moins exclusivement carnivore (d'où l'allongement du museau).  

Le plus ancien ancêtre connu des renards (espèce moderne) daterait de 400 000 à 650 000 ans. Il s'agirait de Vulpes alopecoides, plus fréquemment trouvé dans les gisements du quaternaire européen. Le renard roux apparaît vers le milieu du Pléistocène : il coexiste avec le renard des steppes et le renard polaire. A la suite des dernières glaciations, le renard des steppes se retire vers les étendues désertiques orientales, le renard polaire migre vers des contrées septentrionales.

 

Le genre vulpes comprend environ 76 espèces. La famille des canidés comporte en l’occurrence 30 genres d’espèces dont les différences pondérales et morphologiques varient considérablement en fonction du mode de vie et des biotopes ; exemple : le fennec, petit renard du désert pèse 1,5kg, quant au loup il peut dépasser 65kg.

L’évolution scientifique et génétique a permis de mettre en évidence par analyse du matériel génétique des différences comparatives intéressantes telles que l’ADN du chien et du loup. Ceux-ci diffèrent d’à peine 0,2 %, ils sont dès lors interféconds. Le loup et le coyote de 4% tandis que le chien et le renard ont un caryotype très différent et comptent respectivement 78 et 36 chromosomes / cellule, ils sont dès lors NON interféconds. Comparativement les masses cérébrales à poids égal sont supérieures chez le carnivore sauvage ce qui souligne un système social élevé.

 

Le renard roux, Vulpes vulpes, est considéré comme le membre du genre Vulpes le plus spécialisé et le plus évolué des espèces de renards, entre autre par sa taille (le plus grand du genre), son adaptation à un régime opportuniste et son adaptabilité à une grande variété de milieux..

Originaire d'Eurasie, il a évolué à partir de Vulpes alopecoides (Blackbourn) et de  V. chikushanensis (Chine), au Villafranchien moyen (Kurtèn, 1968). Le plus ancien spécimen fossilisé de Vulpes vulpes découvert en Hongrie, est daté entre 3,4 et 1,8 millions d'années (espèce ancestrale). L'espèce d'origine était certainement plus petite que l'espèce courante. (Le plus ancien spécimen de l'espèce moderne date du milieu du Pléistocène). Des ossements de renards roux trouvés à proximité de peuplement humains porte à croire à la théorie selon laquelle le renard roux était utilisé par les premiers Hommes comme source de nourriture et de peaux.

Arrivé relativement tard sur le continent nord-américain, peu après la glaciation du Wisconsin, on n'a retrouvé aucun indice de la présence de cette espèce en Amérique du Nord avant la période interglaciaire du Sangamonien. Des fossiles datant de cette ère ont été retrouvés dans l'extrême nord du continent dans le district de Fairbanks et à Medicine Hat.

Des fossiles datant de la glaciation du Wisconsin ont été découverts dans 25 sites différents dans l'Arkansas, la Californie, le Colorado, l'Idaho, le Missouri, le Nouveau-Mexique, le Tennessee, le Texas, la Virginie et le Wyoming.

En France, le renard roux est présent dans la moitié sud à la fin du Pléistocène, mais semble très rare dans sa moitié nord au milieu du Tardiglaciaire, puis absent lors du dernier retour du froid, au Dryas récent (PTH, 1998). L'espèce est mentionnée à plusieurs reprises en Bourgogne, dans le Jura et sur la rive gauche de la Loire dès le début de l’Holocène, pendant le Préboréal et le Boréal, entre 9200 et 7500 avant J.-C. Cependant, sa première mention fiable provenant de la partie la plus septentrionale du pays (Somme) ne date que d’environ 7200 avant J.-C. (Bridault 1997 ; PTH, 1998). On peut donc s'interroger sur la période qui a vu le tiers nord de la France conquis par le renard roux. Les informations archéologiques recensées plus haut ne la feraient remonter qu'au début de l'Holocène, pendant le Boréal ou l’Atlantique ancien. Dès cette époque, il devient fréquent dans toutes les régions de France, domaine géographique qu’il occupe actuellement (Artois, 1985). En Corse, l’espèce est absente au Pléistocène. Elle y a été introduite par l'Homme dès le tout début du Néolithique, au milieu du 6ème millénaire avant J.-C., période pendant laquelle il constituait sur le continent un gibier très apprécié pour sa viande et sa peau (Vigne, 1988, 1999, sous presse ; Vigne et al., 1997).

Répartition

Espèce très bien implantée dans l'hémisphère Nord.

C'est l'un des mammifères les plus répandus, après les rongeurs commensaux de l'Homme, certainement grâce à sa grande capacité d'adaptation à des milieux variés, du désert au cercle arctique.

 

Le renard roux est, de tous les carnivores sauvage du paléarctique, celui dont l’aire de répartition actuelle est la plus vaste. On le trouve en effet dans la quasi-totalité de l’hémisphère Nord à quelques exceptions près comme l'Islande, la Crète et les Hébrides, archipel du Royaume-Uni situé dans l'ouest de l'Écosse. Il occupe les zones tempérées de l'hémisphère nord, entre le cercle polaire arctique et le tropique du Cancer, dans des biotopes très divers. Présent dans la majeure partie de l'Europe et de l'Asie, de l'Irlande au détroit de Béring, et jusqu'aux côtes vietnamiennes (Blackbourn). On le trouve aussi en Afrique, sur la côte nord du Maroc et de l'Algérie, ainsi que dans la péninsule Arabique. Au Nord on le rencontre jusqu'à la péninsule de Taïmyr et sur la banquise à l'intérieur même du cercle polaire. En Amérique du Nord, il est présent sur la majeure partie du continent, du Nord du Mexique aux régions arctiques canadiennes. Il se limitait auparavant à l'extrême nord du continent, mais c'est l'introduction d'animaux plus au sud qui a accéléré la propagation de l'espèce sur le continent, qu'il occupe aujourd'hui en totalité (Artois).

En résumé, le renard roux est présent :

Dans toute l’Europe occidentale et dans presque toutes les îles, excepté l’Islande et la Crète et le Groenland

En Amérique du Nord (à l'exception des grandes prairies du centre et des états du sud et de la côte ouest), du nord du Mexique à l'Arctique

En Asie jusqu'au nord de l'Inde et de la péninsule indochinoise, et sur les îles japonaises,

En Afrique du Nord et dans la vallée du Nil,

En Australie où il a été introduit au XIXème siècle pour tenter d'enrayer l'invasion de lapins et pour satisfaire la noblesse anglaise passionnée de chasse à courre. Le renard roux est devenu sur ce continent une espèce invasive.

 

En France, on estime qu’il est présent dans tous les départements, depuis les bords de mer jusqu’à une altitude d’environ 2500 mètres, de la campagne aux quartiers résidentiels des grandes villes, il est fréquent de le trouver en zones urbaines où ses sens très développés lui permettent la plupart du temps de passer inaperçu.

Le renard roux n’est pas typiquement forestier. Il est même adapté à des climats et des

habitats variés - brousse ou désert.

On le trouve donc un peu moins dans les zones de grandes forêts (Landes), de grandes cultures (Beauce), de marais (Dombes). Il préfère les zones de bocages, les lisières, les taillis, les haies, les petits bois enclavés dans les terres agricoles.

Le renard roux est actuellement abondant en Corse où il est représenté par des populations d'individus de petite taille dont les fondateurs proviennent probablement d'Italie continentale (Vigne, 1988). Il a été signalé sur quelques îles de la côte française de la Manche et de l’Atlantique où il ne semble pas avoir fondé de populations stables. (Pascal et al., 2003). C'est la construction du pont de Noirmoutier (en 1971) qui lui a permis de s'établir sur l'île.  L’étude de l’évolution holocène de la faune de vertébrés de France renseigne sur les invasions et disparitions. A l’exception de probables indices d’augmentation de la pression de prédation sur les populations de petits vertébrés néolithiques (Vigne, 1987), l’impact des populations allochtones du renard roux sur les écosystèmes d’accueil insulaires français n’est pas spécifiquement documenté et ces populations ne font pas l’objet de mesures de gestion particulières.

 

Carte de l'aire de répartition du Renard roux :    on retrouve principalement Vulpes vulpes

  •      Zones d'origines                                       dans les zones tempérées de l’hémisphère nord

  •      Présence incertaine                                 entre le cercle polaire arctique et le tropique

  •      Zones d'introductions                               du cancer        

  •      Zones où il est inexistant

Il n’existe pas de cartographie précise sur la population de renards roux en France. La structure de population, selon l’espérance de vie et le taux de reproduction, semble être différente selon le lieu de vie du renard – grands massifs forestiers ou milieux ouverts.

 

Le renard roux s’adapte donc à des milieux très variés : campagne cultivée, broussailles, bois, parcs, côtes, landes, dunes, faubourgs des villes où il y a des jardins, et même au centre des agglomérations. La grande vivacité du renard roux et ses sens bien aiguisés lui permettent de vivre à proximité des habitations humaines sans se faire remarquer. La richesse de nos poubelles, rend la population des renards urbains en pleine expansion … En France, on le trouve fréquemment en région parisienne et aux abords de Nancy, Marseille, Clermont Ferrand, Nice : le trafic automobile est actuellement la première cause de mortalité des renards dont 3% à peine atteignent l'âge de 5 ans. Londres, Oslo ou Madrid sont aussi concernées. Les grandes plantations de résineux sont fréquentées tant que la végétation herbacée subsiste, après quoi elles servent surtout de retraite.

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